« La bulle immobilière commence à peine à se dégonfler »
Thomas Bronnec, L'Express.fr - 06/01/2009 - L'Expansion.com
Pour Marc Touati, la baisse des prix des logements anciens commencée l'année dernière est le résultat de l'éclatement d'une bulle. Cela accrédite, selon lui, le scénario d'une chute brutale "d'au moins 20%" d'ici 2010.
Century 21 vient d'annoncer que les prix de l'immobilier ont commencé à baisser en 2008... Est ce que ça va continuer ?
Evidemment. Les prix ont augmenté beaucoup trop vite ces dernières années, par rapport à la réalité produite, comme en témoigne le graphique ci-dessous.
La bulle immobilière commence à peine à se dégonfler, et c'est loin d'être fini. D'ici 2010, les prix vont chuter de 20% au moins. Quand j'ai commencé à évoquer ce scénario, il y a deux ans, tous les experts me riaient au nez.
Ils affirmaient que les prix à Paris étaient bien plus bas qu'à Londres, que la demande des ménages était forte... On voit bien que ce genre d'analyses n'a pas résisté à la réalité.
Se dirige-t-on vers une crise similaire à celles des années 1990 ? A l'époque, la baisse des prix avait atteint 40% en sept ans...
La .bulle immobilière aujourd'hui est moins spéculative que celle de 1991, alimentée par les marchandes de biens et les banques, qui achetaient avec le seul objectif de faire du profit en revendant rapidement. Mais cela ne signifie pas qu'elle est moins dangereuse.
Il s'agit d'une bulle entretenue par les ménages qui n'ont a priori aucune raison de vendre maintenant pour faire une moins-value... Sauf s'ils y sont contraints, et c'est bien là le problème. La hausse annoncée du chômage risque de pénaliser les ménages les plus modestes, et les obliger à revendre leurs biens parce qu'ils ne pourront plus assurer le paiement de leurs mensualités aux banques. Il est donc urgent de réagir pour que le krach immobilier ne se transforme pas en catastrophe économique.
Quelles mesures faut-il prendre ?
Les banques sont encore frileuses et l'offre de crédit s'est raréfiée : il faut que ça s'arrête et pour cela, la BCE doit aller encore plus loin dans la baisse de ses taux d'intérêt. Celle-ci va bien finir par se répercuter sur les taux pratiqués par les banques commerciales. Leur métier, c'est de prêter ! Je ne crois donc pas au credit crunch mais à un rationnement du crédit. Le gouvernement doit poursuivre dans la relance, mais pas n'importe comment. Il faut baisser la pression fiscale, soutenir l'investissement innovant, bref redonner du tonus à l'économie.